Saturday, February 14, 2009

Le delit de sale gueule (Le Mauricien 16/12/08)

Le délit de sale gueule…
Digne des plus grands vaudevilles, le spectacle burlesque offert au parlement mardi dernier a permis aux députés de la majorité de donner dans la bassesse. Certes, la phrase de Bérenger faisant référence au physique du ministre des finances est une maladresse…mais en la replaçant dans son contexte, nous ne pouvons que nous poser la question de savoir s’’il est humainement possible de rester calme devant tant d’arrogance et de condescendance ? Ce qui s’ensuivit fut le déclenchement d’une véritable hystérie collective des membres de la majorité… et le paroxysme de la bêtise fut atteint quand le leader de l’opposition fut traité de colon.

Le lien évident entre la couleur de peau de Bérenger et cette invective devrait tous nous interpeller. Le combat du MMM et de son leader est la suite logique de la lutte commencée par les Rozemont, Curé et Seeneevassen…Difficile ainsi de croire que celui qui fut inspiré par les mots de Frantz Fanon ait un quelconque penchant colonialiste. Des propos nauséeux, inquiétants et inacceptables de ce type confirment une fois de plus que nos dirigeants sont toujours à l’affût du moindre incident pour donner dans l’agressivité verbale. La PNQ du leader du MMM devait nous apprendre plus sur le gaspillage des fonds publics, sur le cas du QG de la BAI… à sa place nous avons assisté aux clowneries de certains de nos parlementaires.
Le député David, dont le rôle de porte flingue du parti travailliste lui sied à merveille, et auquel nous reconnaissons volontiers des qualités de grand travailleur, est sans doute un de ceux les mieux placés pour comprendre la pertinence d’une question ayant trait aux dépenses inutiles qui sont payées avec l’argent des contribuables. Le titre de « Serial Offender » attribué à Bérenger ne peut que nous faire sourire. Nous nous souvenons tous de l’épisode peu reluisant de « sa vie le rat blanc », le titre qui sérierait mieux à Bérenger serait celui de « Serial Victim ». La lecture de l’excellent ouvrage « De la question sociale à la question raciale? » s’impose à nos députés. Un des auteurs de ce livre a défini la race comme étant une « construction mentale qui fait que l’on traite différemment des personnes en fonction de leur couleur de peau, de leur mode de vie, de leur religion même… » . La race existe uniquement dans nos têtes. Nous pouvons, si nous le voulons, penser différemment.

Notre tissu social est fragile, les inégalités demeurent. Elles datent en partie de l’époque coloniale et nous sommes tous conscients que l’ascenseur social reste bloqué. Arrêtons de souiller cet espace démocratique qu’est le parlement avec des comparaisons honteuses. Pour que notre société change, nos représentants doivent commencer par eux-mêmes. Avec de tels dérapages verbaux, nous tuons l’espoir d’un avenir meilleur.
Chetan R.